Le weekend a été exécrable. J'ai promené ma chienne vendredi. J'ai voulu à un moment, caresser la tête du cheval qui s'approchait de la clôture. Ma chienne a jailli et a mordu le museau du cheval. (Elle joue souvent à mordiller) Il a, certes reculé, surpris par l'attaque. Mais la chienne a voulu continuer à jouer. (J'aimerais tant que la part du jeu et celle des instincts soient dissociées chez l'animal) Quoi qu'il en soit, elle est repartie à la charge. Le cheval s'est cabré, lui a asséné un coup de sabot qui l'a assommée. J'ai pu la réanimer... Elle a vécu deux jours encore. Elle s'est éteinte en soirée. Le lendemain, après l'enterrement, je l'ai sentie se fondre dans le paysage, heureuse de pouvoir continuer à profiter de son cadre habituel... sur un autre plan.
Peu de temps après, j'ai reçu un appel d'une personne qui souhaitait une thérapie destinée à se défaire d'une phobie sévère des araignées. Pensif, pendant le trajet pour me rendre au cabinet, j'ai continu&eaute; à ressentir la mélancolie, l'amour indéfectible que vous prodigue un être pendant de longues années. Puis, cette phrase latine me sollicita: "Amor omnia vincit". Un chapelet de mots s'ensuivit: "Et si c'était là la clé qui permet de vaincre une phobie ! : ressentir - entouré de l'être cher- la situation la plus effroyable qui soit, dévoré par la laideur qui vous saisit, vous envahit, vous désarçonne mais de laquelle vous vous sentez préservé ? "
Etait-ce la petite chienne qui m'intimait ces émotions depuis le lieu transitoire où elle séjourne, ou bien le murmure de la petite phrase inspirée et fulgurante? Elle traversa les siècles sans doute, pour solliciter mon imagination et le goût pour la recherche.
Il n'y a pas de création sans profonde affection qui la fonde et la nourrisse.
Tournons la bride et revenons à l'araignée, car une thérapie destinée au traitement des phobies m'a été soufflée. En voici une esquisse:
Devant "ce monstre" qui est devant vous:
- Quel est l'être que vous avez aimé le plus ?
- Pourriez-vous vous laisser guider par lui ?
- Pourriez-vous le guider ?
- Seriez-vous prêt (te) à vous mettre en danger (à mourir) pour lui ?
- Accepteriez-vous qu'il se mette en danger (meure) à votre place ?
- En sa présence, quelle sont les trois qualités que vous (aimeriez) améliorer en vous?
- En sa présence, quelle sont les trois qualités que vous avez pu contribuer à améliorer en lui ?
- etc.
"Une fois, une patiente que je traitais pour une phobie liée à la conduite automobile, me déclara: " C'est étrange. Hier soir, l'état de santé de mon fils s'est aggravé. Le Samu tardait à arriver. J'étais envahie par un sombre pressentiment. Je n'ai pas réfléchi: j'ai pris mon fils dans mes bras, je l'ai couché dans la voiture et je me suis souvenue aux Urgences, alors qu'il était à présent hors de danger, que j'avais parcouru 15 km en voiture ! C'est la première fois depuis 10 ans, que j'ai pu faire ça!"
Amor facit eam omnia operae pretium(L'amour rend estimable tout ce qui est entrepris)